Coanimé par Samuel Verges (INSERM) et Jacques Prioux (ENS Rennes)
Cette figure montre une augmentation exponentielle du nombre de publications scientifiques sur le concept de charge d’entraînement. Cette augmentation atteste de l’importance de ce concept pour les milieux sportifs et scientifiques. Selon Gabbett et al. (2014), la charge d’entraînement correspond au stress total subi par un individu à la suite d’une ou de plusieurs séances d’entraînement sur une période donnée. Le concept de charge d’entraînement est donc intimement lié au domaine de la prescription et du suivi de l’entraînement et de ces effets. Il existe deux charges d’entraînement distinctes : la charge d’entraînement externe qui correspond au travail accompli par l’athlète, mesurée indépendamment de ses caractéristiques internes (Halson, 2014). La distance totale parcourue, la vitesse moyenne ou la masse soulevée peuvent être utilisées pour la quantifier (Fox et al., 2018). La charge d’entraînement interne correspond aux réponses physiologiques des sportifs en conditions d’entraînement ou de compétitions (Fox et al., 2018). Elle peut être estimée par des mesures subjectives et qualitatives via l’utilisation, par exemple, de questionnaires. Elle peut également être estimée au travers de la mesure objective de la fréquence cardiaque (Akarçeşme et al., 2022). L’évaluation et le suivi des deux charges sont essentiels pour estimer au mieux l’ensemble du travail effectué par les sportifs en conditions de compétitions et/ou d’entraînements (Lima et al., 2020). Ils permettent également d’améliorer notre compréhension des relations entre la charge (dose) et la performance et/ou les blessures (réponses). En plus d’optimiser la performance (Wilson et al., 1993), ils aident à réguler le niveau d’entraînement des sportifs, à s’assurer qu’ils s’adaptent efficacement à leurs programmes d’entraînement, à comprendre leurs réactions individuelles à l’entraînement, à évaluer leur fatigue, à reconnaître leurs besoins en matière de récupération et enfin, à réduire les risques associés au surentraînement, aux blessures et aux maladies (Bourdon et al., 2017). Cependant, face à la diversité des définitions, des méthodes de mesure (charge interne/charge externe) et des outils de suivi, il devient nécessaire de structurer une réflexion collective pour clarifier, harmoniser et optimiser l’usage du concept d’entraînement dans les pratiques de terrain et de la recherche.
La création d’un groupe de travail dédié à l’étude de la charge d’entraînement répond à plusieurs objectifs :
- Clarification conceptuelle: Le terme « charge d’entraînement » recouvre des réalités variées selon les disciplines, les contextes (amateur, professionnel, santé, performance) et les acteurs (entraîneurs, chercheurs, préparateurs physiques, médecins). Il est donc essentiel de parvenir à une définition commune, ou à défaut, à une typologie claire et partagée.
- État des lieux des pratiques: Les méthodes de quantification de la charge (GPS, capteurs de puissance, RPE, fréquence cardiaque, lactates, questionnaires, etc.) sont nombreuses et parfois utilisées de manière empirique. Un recensement rigoureux des pratiques existantes permettra d’identifier les outils les plus fiables, accessibles et pertinents selon les contextes.
- Lien avec la performance et la santé: Comprendre les relations entre la charge d’entraînement (dose), les adaptations physiologiques, la performance et les risques de blessure ou de surmenage (réponses) est un enjeu majeur. Le groupe de travail visera à synthétiser les connaissances actuelles et à formuler des recommandations opérationnelles fondées sur des données probantes.
- Formation et diffusion: Une mission importante du groupe sera de proposer des outils pédagogiques, des lignes directrices et des supports de formation à destination des acteurs de terrain, pour favoriser une utilisation éclairée et homogène du concept.
- Perspectives d’innovationet de recherche : Le groupe devra également explorer les perspectives offertes par les nouvelles technologies (intelligence artificielle, capteurs portables, big data) dans le suivi individualisé de la charge, en lien avec l’évolution des pratiques sportives. Des axes de recherche à initier et des études collaboratives pourront être envisagés selon les besoins identifiés.
En résumé, le groupe de travail se veut un espace pluridisciplinaire de réflexion, d’analyse critique et de proposition, à la croisée de la science et du terrain. Il permettra de renforcer la cohérence des pratiques, de favoriser les échanges entre professionnels et de contribuer à une meilleure maîtrise de la charge d’entraînement au service d’une performance durable et de la santé des pratiquants.
Références
– Gabbett TJ., Whyte DG., Hartwig TB., Wescombe H., Naughton GA. The relationship between workloads, physical performance, injury and illness in adolescent male football players. Sports Medicine. 44(7):989-1003, 2014.
– Halson SL. Monitoring Training Load to Understand Fatigue in Athletes. Sports Medicine. 44:139-47, 2014.
– Fox JL., Stanton R., Sargent C., Wintour S., Scanlan AT. The association between training load and performance in team sports: a systematic review. Sports Medicine. 48:2743-2774, 2018.
– Akarçeşme C., Cengizel E., Şenel Ö., Yildiran I., Akyildiz Z., Nobari H. Heart rate and blood lactate responses during the volleyball match. Scientific Reports. 12:15344, 2022.
– Lima RF., Silva A., Afonso J., Castro H., Clemente FM. External and internal load and their effects on professional volleyball training. International Journal of Sports Medicine. 41(7):468-474, 2020.
– Wilson GJ., Newton RU., Murphy AJ., BJ Humphries. The optimal training load for the development of dynamic athletic performance. Med Sci Sports Exerc. 25:1279–86, 1993.
– Bourdon PC., Cardinale M., Murray A., Gastin P., Kellmann M., Varley MC., Gabbett TJ., Coutts AJ., Burgess DJ., Gregson W. Monitoring athlete training loads: consensus statement. International Journal of Sports Physiology and Performance. 12(s2):S2-161-S2-170, 2017.



