A travers cette journée d’études, focale est placée sur l’analyse des usages sociaux de la recherche et de l’expertise pluridisciplinaire dans l’entreprise de promotion locale de la santé par l’activité physique. L’expertise est envisagée ici non seulement comme une propriété situationnelle, dont les acteurs et les produits doivent par conséquent être étudiés en contexte mais aussi en tant que pratique par nature hybride, assise sur une frontière constamment renégociée entre « science » et « politique », savoirs et pouvoirs.
Si les communications reposent sur un panorama varié de pratiques contemporaines de recherches adossées à des savoirs et des objets pluriels, l’ambition est de valoriser les enjeux problématiques, méthodologiques et épistémologiques qui traversent les travaux présentés. Ces derniers tiennent en trois principaux axes :
– celui, d’abord des modalités de construction des positions d’expertise et du type de compétences et de savoirs valorisés dans cet exercice : contrats ou commande de recherche, chaire, portage et pilotage de la démarche par une société savante, constituent autant de façons de la produire,
– le second axe est l’attention portée à la dimension empirique, inductive et réflexive des travaux menés comme à l’explicitation des hypothèses théoriques sur lesquelles ils sont construits.
– le troisième axe enfin est celui des conditions de circulation, de transférabilité et d’appropriation de certains savoirs (et de mise en confinement d’autres) autrement dit il est question d’examiner les formes de complémentarité pouvant exister entre recherche académique, expertise et production d’une action publique locale selon une dynamique allant de la définition de ce qui peut faire « problème public » sur un territoire (l’inactivité physique et la sédentarité, la perte d’autonomie, des mobilités actives à l’oeuvre donnant à voir des usages socialement situés et partant inégalitaires de l’espace public) à l’évaluation des dispositifs mis en œuvre pour traiter ces problèmes publics.
Dans ce contexte, il est parfois attendu des chercheurs qu’ils se fassent aussi experts. Cela suppose, on le sait, un effort de vulgarisation, de traduction, de bricolage des savoirs produits pour en construire des formes plus adaptées à l’action publique afin que les acteurs collectifs puissent s’en saisir, afin qu’ils puissent aussi être compris par les cibles de l’action publique.
Ce travail interroge aussi bien l’identité professionnelle même des chercheurs mais aussi les frontières entre action scientifique et action publique. Cette question revêt une portée scientifique, sociale mais aussi politique et militante, puisque les travaux valorisés aujourd’hui examinent tous les conditions à partir desquelles peuvent être localement conçus des environnements favorables à la pratique du sport, de l’activité physique, de l’activité physique adaptée. Autrement il s’agit ici d’œuvrer à la compréhension des facteurs ou déterminants sociaux et environnementaux qui pèsent sur l’adoption de styles de vie actifs, sur la construction de goûts durables pour l’activité physique.
Marina Honta